Un an après

Il y a tout juste un an, nous mettions en place l’Holacratie sur une partie de notre société. Un an constitué de hauts et de bas, de doutes et de succès. Quand on se lance dans un tel projet, on rêve toujours que les choses aillent plus vite qu’ailleurs, plus vite que ce que chacun s’évertue à vous raconter. Les choses n’avancent jamais assez vite. Mais finalement, quand vous prenez le temps de vous retourner et de vous poser sur ce que vous avez parcourus pendant cette année, les choses prennent un tout autre aspect. Une lueur d’espoir et d’optimisme est permise. Alors prenons le temps de cette date pour se souhaiter un bon anniversaire ! 1 an déjà…

Retour sur une année de transformation

Il y a un an, c’était début octobre, le Président de notre société signait la constitution et reconnaissait ainsi le basculement d’une partie de ses activités (300 personnes) dans un nouveau mode de gouvernance et d’organisation qu’est l’Holacratie. C’était le début d’une longue aventure, avec ses débuts heureux dans un enthousiasme contagieux. Puis rapidement, les premiers doutes, les premières résistances, pas toujours fondées, mais exprimées haut et fort.

Au bout de quelques semaines nous avions une structure en place : près de 35 cercles et 500 rôles. Des réunions hebdomadaires bien suivies. Des équipes en formation, qui commencent lors des premières réunions à oser parler de leurs tensions, et proposer des solutions. Le changement est en route.

Après un trimestre, le système tourne en routine. Certains ont abandonné, n’ayant pas eu la force d’essayer, d’autres – encore nombreux – persistent et commencent à apprécier la vertu du mode de gouvernance. Certains cercles commencent à s’autoriser même quelques adaptations pour le modeler à leurs pratiques.

Le début de l’année est marqué par l’arrivée d’un nouveau directeur, farouchement hostile à tout processus. Ses tentatives de stopper la transformation ont eu pour conséquences de renforcer les convictions. Ceux qui doutaient ont repris les anciennes pratiques et ont abandonné définitivement. Ceux qui pratiquaient avec enthousiasme se sont renforcés.

Au bout de six mois, environ la moitié des cercles est active. Le troisième quart n’a gardé que quelques pratiques d’animation et a occulté l’essentiel. Le dernier quart est inactif, mais en réalité il n’avait jamais réellement démarré.

Les mois qui suivent ont donc permis d’ancrer de nouveaux réflexes : le droit de proposer, d’essayer, de se tromper, mais aussi de corriger.

Quelques marqueurs forts

Si je devais retenir trois éléments forts de cette année, ce serait les suivants :

1. Ouverture des esprits

La découverte émouvante de personnes qui enfin trouvent un cadre pour s’exprimer. C’est probablement curieux pour ceux qui ne l’ont pas vécu. J’ai pris la mesure du poids que devait représenter pour certains les quinze années de silence qui ont précédé. Quinze année à ne pas oser ou pouvoir s’exprimer de peur de se tromper, de ne pas être à sa place ou de se faire bousculer par les autres.

Je me souviens de l’une de ses premières réunions où j’avais présenté l’Holacratie. Je fais un tour de table à la fin pour partager les impressions. Cette femme, que je connaissais pourtant depuis des années, a simplement répondu par « Enfin ! ». Un mot sorti spontanément, du plus profond de ses entrailles. Un mot qui résonne toujours aujourd’hui dans ma tête.

Pourquoi avons-nous attendu si longtemps pour lui donner un espace d’expression ? Un an après, je peux vous confirmer qu’elle a utilisé son espace à bon escient. Elle propose des améliorations régulièrement et règle ses tensions comme jamais. Rien que pour elle – et ceux qui n’ont pas osé ce jour-là s’exprimer avec autant de force – cette transformation vaut la peine !

2. Curiosité très saine !

Après quelques mois difficiles de doutes que j’avais partagés dans des articles précédents, j’ai été contacté par d’autres directeurs en interne qui avaient entendu parler de notre expérience. Ils étaient curieux d’en savoir plus. L’un d’eux souhaitait même le mettre en place dans ses équipes.

Ce jour-là vous avez envie de le crier au haut et fort. C’est une reconnaissance qui fait du bien. La solitude de certains soirs s’estompe un peu, et le projet devient partagé. Pour être honnête, leur transformation n’a pas encore complément commencé. Mais une volonté de s’y inscrire ou a minima de tendre vers une libération devient de plus en plus prégnante. C’est heureux !

L’une des directrices de nos filiales m’a même demandé de venir témoigner auprès de ses équipes. J’ai donc passé une journée à leur côté à Milan pour expliquer notre démarche. Les choses murissent peu à peu, même si rien d’officiel n’a été communiqué, les informations se diffusent et les esprits s’ouvrent peu à peu.

3. « Si vous arrêtez, je continue quand même ! »

Le dernier point que je retiendrai est très récent. Ce sont les résultats très positifs d’une enquête interne que nous venons de mener. En effet, comme dans toute transformation, la question revient régulièrement de savoir comment en mesurer la performance. En matière de libération des entreprises, c’est une question régulière et non réellement résolue tant il est difficile de trouver des indicateurs pertinents et non sujets à discussion.

A notre retour de congés d’été, nous nous demandions comment communiquer pour cette date anniversaire. Fallait-il être optimiste, pessimiste ? Après quelques échanges rapides nous avons décidé d’organiser une enquête de satisfaction. C’était un risque car une réponse massivement négative aurait pu donner un coup d’arrêt brutal. Cela aurait également pu légitimer les « anti » pour nous faire cesser cette démarche un peu folle. Finalement le résultat est bien au-delà de nos espérances. Nous avons tout d’abord collecté en quelques jours plus d’une centaine de réponses.

Ce que j’en retiendrais est que globalement le niveau d’adhésion est bon, et l’envie d’avancer l’est tout autant. Seuls 11% se sont exprimés définitivement contre. 53% ont même affirmé que si nous arrêtions cette pratique, ils le poursuivraient dans leurs équipes ou tenteraient de le mettre en place dans un nouvel environnement.

De bon augure pour entamer la deuxième année…

Cette dernière réponse constitue pour moi une grande satisfaction et un beau cadeau pour la clôture de cette première année de transformation. Malgré les difficultés rencontrées, cela prouve que nous avons eu raison d’essayer et d’avancer. La majorité des répondants y trouve aujourd’hui une vraie réponse, une vraie évolution de notre mode d’organisation historique.

La route est encore bien longue avant de pouvoir se dire libérés, mais nous sommes en route ! Nos équipes y croient, en veulent plus… A nous, à moi, de pousser encore la transformation pour attirer le reste de l’entreprise, et surtout la Direction, dans un cadre plus ouvert, agile et performant.

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